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1976
Guy Chambelland
Ces pages « à dire » - sur New York ont été publiées en 1976 par Guy Chambelland sous le pseudonyme de Vim Karénine, puis citées sous le titre « la nuit en poésie » en 1980 dans la collection folio junior, chez Gallimard, le tout réédité en 1991 chez Intertextes dans le volume « O America » et enfin, dans une troisième édition bilingue (Antoine de Vial traduction Louis Olivier) chez LHarmattan en 2004 dans la collection « Écritures », avec une couverture ornée dun dessin à la plume de Jacques Barbier.
« La nébuleuse New York ne maura plus quittée surgie comme une vision de Barnabooth sur le pont du « de Grasse » dans une aube des années cinquante. »
Ce texte à voix multiples restitue les rapports de lhomme avec la ville absolue : il restitue, dans lunité de lespace et du temps, une journée New York à travers les quatre prismes du matin, de midi, du soir et de la nuit : en fait une vie confrontée à la ville-solitude qui éduque, angoisse, forme et enfin apaise le locuteur dans le jeu de ses « voix ». Louis Olivier, natif de Brooklyn, a su rendre lémotion et la précision de lécriture ressentie et restituée de lintérieur, en anglais. La dureté du récit est atténuée par lévocation des ponts de New York qui seuls permettent le chant.
Ce livre ne sétait pas voulu lintroduction au poème NY 9/11 devenu son prolongement avec (aux couleurs inversées) le même dessin de Barbier qui parait en avoir porté le pressentiment.
Reédition chez L'Harmattan
du texte de 1976 édité par Guy Chambelland
Préalablement reprit et augmenté chez Intertextes (Daniel Cohen)
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MATIN (Choeur de 3 femmes) As-tu compris que New York cétait toi avec ses oiseaux monstrueux avec ses maisons aux briques rongées et ses échelles dincendie pleines de chevaux sauvages qui montent et qui descendent jusquà ta piaule de Stanton Sreet ? As-tu compris que New York cétait toi avec ses arêtes vives ses ombres descellées ses mangeurs de nuages aux entrailles dIndiens qui lavent ses vitres et ses songes ? As-tu compris que New York cétait toi ? WASH BRIDGE MIDI (male voice) Tu dis notre ténèbre je nomme ce que Tu dis You say our darkness- I name what You say Tu tires patience des pierres mémoire des alliages de la nuit marquant Tes sondes du signe de notre âge You draw patience from stones memory of the alloys of night marking Your fathoms with the sign of our age Ton été plus puissant que nos frondes brise les siècles du vent et Ta fontaine est pleine denfants Your summer more powerful than our slings breaks the winds centuries and Your fountain is filled with children Puis Tu construis dun trait la ville dans les ossements du jour Ton silence plus absolu quun gel Quand il ne reste plus des voyelles que le crin matelas crevé de la mer Then You build the city at one stroke in yhe skeleton of day Your silence more whole than the frost When all that remains from the vowels is their stuffing burst mattress of the sea Dieu que mon seul désir nomme qui brûlera pour Toi nos images Toi qui poses midi sur Manhattan avant la refuite dernière et lextrême expérience God named by my desire alone who will burn our graven images for You You who spread this noon over Manhattan before the last evasion and the furthermost evasion SOIR (Gramercy 18 heures, voix de femme)) La mer est ici loffrande incessante des rues transversales le vieux monde y rejoint le nouveau Fissures des premiers blues dans les quartiers noirs par les vignes du couchant la rumeur de la ville mûrit la mélodie deau de sel de cendre appels de navires chaînes qui roulent dans les écubiers barges grues rires miel des voitures gémissement des trains pour long Island Luna Park (récitant) La rouille secrète de six heures grippe toutes les portes de la ville jaune et rouge Les marées enseignent et nourrissent la prédatrice du monde les roues du Lower East Side croissent à chaque cri fatalisme crève-cur à toutes les sources continue solitaire qui parle si bien de lamour continue trouve un sens aux craquelures de la paroi la soif fait le voyant ne cours pas si vite le petit ferry de Whitman na pas encore touché Brooklyn NUIT Le pont de MARINE PARKWAY (voix dhomme) Damnés sans choix de peine avons-nous figure humaine ? Lorage a-t-il le dernier mot ? Prisonniers toujours des étoiles soudain des clefs tremblaient A tout ce qui chante nécessité Loiseau demain contient le monde Mais il passe la question à quel nom se dérouter ? (voix de femme) Une ambulance remonte en trombe la 1ère avenue vers le Metropolitan Hospital machines à sous hymn of the Seventh Galaxy du quartet Chick Corea Les dernières vacheries avant les angles de laube le prisonnier lâche son barreau le sommeil embarque tout le monde dans son cheval de Troie |