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CRITIQUE
LES GRAFFITIS ne prêtent pas au bavardage. Tracés à main levée, ils impliquent liberté et vitesse : leur état naturel demeure linsomnie et linsoumission. Les prisonniers ont le temps de fixer leurs songes, les gamins du métro de New York, eux, peignent dans lurgence. Au débutant, on donne un wagon - mais gare au rail du milieu. Tout est bon au rêveur : la neige, la nappe en papier, le sable, la buée, ou le cul dun camion ; lhomme des villes cherche les parois de tunnel, les palissades et même les tabliers de viaduc.
Les graffitis, travail de nuit sur la nuit, font danser les mots pour conjurer le désespoir, par la craie, le charbon ou la bombe. Jaurais aimé tracer les miens dans les prisons du Piranèse, à la lueur de ces lampes qui roulent sur des poulies, jetés sur le montant de fenêtres à grillage, griffonnés sous des voûtes, ébauchés sur les contremarches descaliers qui ne relient rien à rien. Avec davantage de modestie, ils recouvrent ici les cloisons de la vie aussi minces que celles des tours de banlieues où les personnages déambulent, plus infimes encore que ceux des carceri. Mais doù viens-tu ? Tes graffitis ne ressemblent à rien ! Sois attentif à leurs thèmes, souvent américains, modulés au gré du D.J. pour inviter à laction, comme les marques des vagabonds au pillage. Ils partent à la recherche dune vérité plus immédiate que la pensée. Sils frappaient les murs de ta ville, pourrais-tu tempêcher de les lire ? Cest là que je veux les éditer, en agitant les bombes à peinture : écoute le bruit de la bille qui mélange gaz et colorants. Ne néglige pas les clefs pour les parcourir ! Secoue mon trousseau de veilleur et découvre usines, marchés couverts, gares, octrois, phares, parcs, paradis et enfers humains, sans oublier les chambres et le grenier qui souvre par le ciel. Sans apparences et orgueilleux, ils se donnent la main, métamorphoses de corps en corps nouveaux (Ovide). Fragments, ils possèdent le pouvoir de tramer le trivial à la rêverie et dajouter au sens, après coup, comme les désastres à nos vies. Impossible de ne pas évoquer, à la pliure du millénaire, la magie des chiffres parcourus de 1 à 2000. Je ne pouvais pas omettre cette valeur ajoutée, en soulevant années et siècles comme des cosses desséchées. Ces graffitis restent des incipit, car je préfère courir les rues et les rebords de voies ferrées, avec une âme de tagger, pressé de recouvrir une bicoque ravalée, déclaircir une surface déjà zébrée, ou dentreprendre portes, panneaux et ponts, tant jai hâte de voir le résultat. Je memballe ... Je désire plutôt quils descendent en toi avec le bruit de leau qui, dans les grottes, forme stalactites et stalagmites. Pour ma génération, la fumée des camps ne sest jamais dissipée et toute parole tourne vite au hoquet. Pour rompre le silence des goulags, plus rien de subsiste des messages esquissés sur lécorce des bouleaux ; mais qui gravera sur lAtlantique le cri des opposants précipités hors des avions argentins ? Ajoute à cette liste, ajoute Si ces graffitis bougent, compost nécessaire à une vie spirituelle, quils te donnent un peu de chaleur dans leur pauvreté : lhumilité nest-elle pas lun des combats de demain ? Efface, dit Dieu, si tu veux davantage. A la fin de mon banquet, je viens, debout, trinquer avec toi, et, si cela sonne juste, je garderai espoir que tu puisses me délivrer de lun ou lautre dentre eux. This travel may the poorest take |
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![]() AVERTISSEMENT D'ÉDITION Il y a déjà quelques années, à loccasion de la publication aux éditions « lHarmattan » dun recueil dAntoine de Vial : « Les graffitis », je composais quelques illustrations typographiques pour souligner des injonctions poétiques remarquables cétait comme des perles sur le chemin, me promettant dy revenir un jour ; aujourdhui je my suis rendu et jai choisi celles-ci pour vous les faire goûter. Au regard de chacune : un nombre, cest son rang dans lédition complète de ses 2000 surs ! Imprimé sur les presses de mon atelier tant pour le texte que pour les 2 eaux-fortes à 33 exemplaires pour la suite auxquels sajoutent 12 exemplaires de chapelle numérotés sur /HC., ce livre dune page recto fait partie de ma collection « placard », il est à afficher afin que nul ne puisse se soustraire à lurgence de sa lecture ! Gilles ALFERA Le site de Gilles Alfera : www.alfera.org |
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1- | Elle préside pour l'ombre au procès de la lumière |
6- | Avant la pensée - je suis le sommeil de vos lèvres |
9- | Si je deviens la mer - j'inscris de mémoire sur vos sables les courroux de l'amour |
GRAFFITIS DE LA POÉSIE | |
20- | Lâche en toi cet oiseau de sang qui lézarde l'aurore |
GRAFFITIS DU TEMPS | |
GRAFFITIS DE LA MORT (série 1) | |
51- | Le vin rouge de son hiver brûle l'âme des vagabonds |
52- | Ses couteaux vont d'eux-mêmes au secours du silence |
57- | Elle remonte les racines jusqu'à la patience des semeurs |
58- | Ne faire qu'un - ce qu'elle redoute le plus des amants |
GRAFFITIS DE L'AMOUR | |
67- | Reprends la mer en moi - si joindre n'est pas rejoindre |
69- | Plus désirées - plus fraîches - plus rapides que la rosée - tes questions - |
70- | Ouvre - sans repentir - la cité de l'instant aux portes de midi |
75- | Si nous devons parler - que ce soit de soleil à soleil |
GRAFFITIS DE DIEU (série 1) | |
80- | Il se fait tard et je crains vos coeurs partagés |
GRAFFITIS DINGUES | |
93- | L'exil fera lever vos plus vieilles semences |
GRAFFITIS PLUS DINGUES ENCORE | |
107- | Enlevez les corps - les mots danseront toujours |
108- | Laissé à ses propres venins - le coeur se bat longtemps |
GRAFFITIS DE LA DOULEUR | |
122- | La main me reste pour te choisir encore - |
124- | Je n'ai que l'ivraie des boussoles pour rejoindre son orage immobile |
126- | Nous dirons son été aux tréfonds des prisons |
132- | Le vin de son aube - de fenêtre en fenêtre - enivre les amants |
GRAFFITIS DU MATIN | |
ELLE : LA POÉSIE | |
155- | Devient aussi la plus basse des prophéties |
157- | Par l'éclair - elle départage les vendeurs |
158- | Ses décharges assemblent les vautours de l'esprit |
162- | Elle précède ses assassins et fournit les couteaux |
163- | Elle grandit - de pauvreté en pauvreté - jusqu'au danger |
168- | Elle seule dit : « tu » |
170- | Sa liberté bataille dans les camps opposés |
177- | Prends ce qu'elle te cache pour commencer |
178- | Ses gouttières rejoignent les eaux primordiales |
181- | Donne à tous sa monnaie - sans donner le change |
187- | Raison - cesse ta propagande |
197- | La voie du rien pendant qu'il en est temps |
204- | La mer la perd et la retrouve fontaine |
205- | D'un bond - te précède |
211- | Sans autre cause qu'elle-même |
214- | Nudité est don |
216- | La raison sait - elle veut savoir |
219- | Sans amarres - pour ne rien vouloir - |
225- | Etre sur sa montagne - rien d'autre |
230- | Elle trame mémoire et avenir |
232- | La raison surveille - elle veille |
238- | Elle est aux mains de tous |
240- | Revient pour nos combats |
241- | Elle parle - tout bas - aux grands brûlés de la raison |
244- | Ses silences - toujours en maraude - |
PROVERBES D'AMERICANELLA(à l'usage de planètes autres que celles du système solaire) | |
259- | Comme la mer - sans colère - j'efface vos pas |
275- | Chaque nuit porte le jour - quelle mère en fait autant ? |
282- | Je transmets mes pouvoirs en nommant ce que j'aime |
285- | Le manteau de la folie n'est pas suffisant pour l'abîme |
329- | La solitude assure la parole |
GRAFFITIS AMÉRICAINS(dédiés à mes amis les peintres hyperréalistes Talp Goings, Robert Cottingham et Don Eddy) Clips | |
353- | Laisse l'aube à ses sombres métiers |
390- | L'avenir est au rapt |
398- | Beauté - jamais voulue pour elle-même |
443- | Expose-toi aux commencements |
451- | Attendre impassible l'orgasme des machines à sous |
452- | Si l'Amérique pleure - mettre cela sur ma note |
455- | Aux forges du silence - mes révolutions - |
COEUR DE L'AMERIQUE | |
659- | Elle porte tes secrets - en hâte - sur ses crêtes |
Graffitis noirs | |
766- | Tant de silence pour une rose |
774- | Un seul brin d'herbe justifie le vent |
776- | L'espérance nègre a les yeux crevés |
781- | Déborde le possible |
785- | Nos serpents sont dans vos sources |
788- | La beauté s'infiltre |
792- | Nos silences engendrés de la haine |
828- | Ils appellent découvrir ce qu'ils ne font que reconnaître |
831- | De sa propre nuit - la poésie fait exister |
Novembre en Nouvelle-Angleterre | |
862- | Mes aubes peinent à nommer vos tours |
869- | Mes portes sifflent vos solitudes |
CHANTER ROUGE OU GRAFFITIS POUR UN PRINTEMPS INDIEN : de la ressemblance périt la liberté | |
903- | Si tu prêtes à ton ennemi - que ce soit ton visage ! |
GRAFFITIS EN ROND OU GRAFFITIS INDIENS | |
919- | La lune comme le bol passé de main en main |
921- | Que ton désir tache ! |
963- | Prépare ta parole tel un feu sans fumée |
981- | Notre déclin reste notre lumière |
983- | Ne brise le cercle que pour devenir oiseau |
986- | Quel est le risque de marcher nu ? |
993- | Que la braise de chaque aurore réchauffe nos morts |
997- | Au pays des âmes - les hommes se tutoient |
1007- | Au centre du cercle - un frère - |
GRAFFITIS DU PEYOTL | |
1037- | Percevoir - c'est revenir en maître |
1045- | Manger - pour adorer - |
1050- | Demande d'abord aux monts s'ils veulent de toi |
1051- | Au feu du silence l'aigle est souverain |
1052- | Tout est beau ce soir - divise la braise |
1053- | C'est l'azur qui fait saigner les pierres |
1056- | Ne rien garder - appartenir au vent - |
1062- | Loiseau rend le paysage éternel |
1064- | Sils se révèlent à toi - cache-les dans ton chant |
GRAFFITIS DE LHOMME DU DESERT (Death Valley, Californie et Nevada) | |
1093- | (Grapevine Canyon) Jenseigne seulement les grands brûlés du silence |
1095- | (Gravel Well) Ne tachez pas de sang mes points deau |
1105- | (Striped Butte) Montagnes vous serez bientôt mères |
1117- | (Sand Dune Junction) Délivre-toi - un instant - des racines - |
TEXTES DU GRAND DESERT | |
1174- | Interrogez vos propres traces comme une blessure |
1178- | Plus insatiable encore - lespérance - |
Papagueria | |
1223- | Cest le silence qui trompe les chemins |
1230- | Serviteur des solitudes - je bégaie |
1234- | Dénudé - mais pour la gloire - |
1240- | - prophète incertain - mais toujours dune fontaine - |
1241- | traverser cest vivre |
1243- | lorage se nourrit de mon secret |
1249- | Lalchimie doctobre - pour vérifier la solitude - |
Graffitis des vents du désert (les vents sont les seuls poissons du désert) | |
1279- | Sorti de moi-même tout est festin |
1287- | Danse par mes racines les plus lentes |
LES ANNEAUX DE DIEU | |
1342- | Cest de Moi que tu tires tes victoires |
1343- | Plus nocturne que létoile - lEspérance - |
1347- | Au désert - Je deviens ta blessure |
1354- | Tu ajoutes une solitude à lautre |
1366- | Lutter - cest jubiler |
1375- | Nassemble quà angle droit |
SIX PETITS ANNEAUX DES RACINES | |
ART POETIQUE DE POCHE | |
1409- | Nue - pour être attentive - |
1430- | Elle pétrit - mais sans voir |
1431- | La déserter - cest lattendre encore |
GRAFFITIS DE LANGOISSE | |
GRAFFITIS DE DIEU.(série 2) | |
1456- | Linstant - Ta voilure toujours gréée - |
1457- | Cest Moi qui dispose de tes ténèbres |
GRAFFITIS DE LA POESIE | |
1468- | Elle seule contient sa source |
1473- | A tire daile - mais sans direction - |
1479- | Corps à corps de soleils à naître ! |
1482- | Elle nattend que ta réponse |
GRAFFITIS DE DIEU (série 5) | |
1545- | Tiens-toi dans le refus |
GRAFFITIS DE LOMBRE | |
1617- | Chéri ces étoiles qui se meuvent en toi |
1620- | Explore lobscur comme ton dû |
Proverbes du Nebraska | |
1645- | Que les vents plaident mais sans colère |
1649- | Terres vagabondes quand les nuages ne bougent plus |
Les vents du Nebraska | |
1672- | Avec la mer je partage le désir |
GRAFFITIS DE LA MORT (série 4) | |
1704- | Je nexiste que de ta source |
1712- | Je disperse - de lintérieur |
GRAFFITIS DE LA MORT (série 5) | |
1748- | Immédiatement - labsolu - |
GRAFFITIS DU DEPART | |
1860- | Je fermerai - sans toi - les cercles du tonnerre |
GRAFFITIS DE LETRANGER | |
1908- | Sans fracas - sétonner de mourir |
1914- | Terres lactées mais étrangères |
1916- | Mots indécis devinés contournés - |
1938- | Se savoir déchirure aux spasmes de léclair |
1939- | Descendre en veilleur aux racines de la mer |
1942- | De lampe en lampe soupeser l'avenir |
GRAFFITIS DE LETRANGER | |
1963- | Aux fêtes de la douleur tiens-toi au dedans |
GRAFFITIS DE DIEU (série 8) | |
1979- | La vie se déchire et dépose Ton chant |
1985- | Déclare la paix aux valets de la mort |
1987- | De trêve en trêve - ta vie se fait plus vaste |
1989- | Deviens la chair si fine de cette aube |
1991- | Trop de mers entre nos mots et Toi ! |
GRAFFITIS DE LADIEU | |
1994- | Sous la mer git notre butin d'étoiles |