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ŒUVRES
La Fête à Caïn
CRITIQUES



Avec une traduction espagnole de Ana Maria Diaz et Fernando Moreno et une lino de Teresa Montiel.
Le Pont de l’Épée éditeur.1978

Un des livres les plus énigmatiques de Vim Karénine inspiré par les événements du Chili, mais élargi à une méditation sur nous-même, nos voyages intérieurs, nos exils, pour parvenir au secret de nos propres violences.
Ce sont les hommes de cendre qui menacent une liberté en train de naître de nos révoltes et si ces poèmes sont des rebelles, ils condensent en « pyrites », des versets qui postulent cette danse des contraires pour cerner une réalité collective d’autant mieux qu’elle inclue dans son mouvement nos tyrannies les plus intimes.


FRAGUEMENTS DE SES FAÇONS

Elle naît ortie ou raisin de vipère – rebut – tesson ou maison de liserons.
Qu’importe ses façons ?
Verts ses mots travaillent sans nous, oiseaux sans oiseaux, corps sans corps, forêts sans forêts. A s’y méprendre.
Laisse les courir dit-elle. Déserte. Assigne. Désorganise. Reviens aux passes familières.
Partout elle invente ses pierres pour y cacher la semence qui brise les montagnes.
Elle use nos jours qu’elle démêle, les habits gris-de-buis des petites villes, les ruisseaux de la vie.
Elle s’abîme comme l’éclair. Couve nos vagues pour en faire des légendes. Demande : que sont les lois de Mai ? les baumes à New York ? les parloirs de la voie lactée ?
Hiver s’il faut vivre – dit-elle – que ce soit dans la plume de l’oiseau !
Mais elle tue ceux qui se rendent maître de nos rêves.
PYRITE DE LA MÉMOIRE




Elle tourne d’orée rouge nos chemins
En vient aux villes qui parlent sous la mer
Aux mondes si longuement criés
Qu’elle dit déjà l’autre versant
Sans taire la fatigue du torrent
Elle va et vient elle prépare ses vins
Qui ne calment nos plaies
Que tant qu’elle fait le jour
PYRITE DE LA MORT


A force de patience
Ses routes ont confondu
Jusqu'aux lignes de vie
Comme une épissure
De sommeil et d'ortie blanche

Les arbres sont venus par milliers
Avec leurs fruits de plume
Abriter ses chevaux d'écoliers

Prête lui la main
Puisqu'elle habite
Le fond des lacs humains
Parmi les pierres et les lampes

Comme la première venue
Elle se lève à tâtons
Dans nos yeux
Sans cesse plus profonds